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Table ronde | Le filet social des artistes: quelques fondements

Événements 26 mai 2025

Invitation à tous (membres et non membres) à notre table ronde qui aura lieu le lundi 9 juin, de 15h à 16h30 au BAL (Bureau des artistes du littoral, 5270, rue St-Laurent, Lévis)

Invités:

Martine D’Amours : sociologue et professeure associée à l’Université Laval

David Lavoie : gestionnaire culturel

Mélissa Verreault : Écrivaine, traductrice et enseignante

Animation: Jean-Michel Girouard, comédien et vice-président de l’UDA


Introduction et mise en contexte

Le statut des artistes dans nos sociétés présente une dualité frappante : célébrés pour leur contribution culturelle essentielle, ils sont souvent confrontés à une précarité économique alarmante. Les années de pandémie mondiale ont aussi démontré au grand jour l’importance du rôle des artistes au sein de nos sociétés tout en mettant en exergue leur précarité financière extrême. Le revenu médian des artistes au Québec s’élevait à 15 200 en 2020-21, en plein cœur de la crise. 

Le filet social des artistes représente l’ensemble des mécanismes de protection sociale destinés à soutenir les créateur.trice.s et à sécuriser leurs parcours professionnels. 

La valorisation économique du travail artistique demeure problématique. Au-delà de l’œuvre finale, tout le processus créatif mérite d’être reconnu et rémunéré à sa juste valeur. La reconnaissance du travail invisible (recherche, conception, répétitions) comme partie intégrante de l’activité professionnelle constitue un défi permanent. Cette reconnaissance passe par l’établissement de standards de rémunération équitables et par la sensibilisation des institutions et du public à la réalité économique de la création artistique dans son ensemble.

De surcroît, cette réalité économique est marquée par l’irrégularité. Entre périodes de création, de diffusion et de recherche, les revenus des artistes connaissent des fluctuations considérables. Cette intermittence constitue donc un défi majeur pour les systèmes de protection sociale traditionnels, prévus pour des emplois linéaires. Qui plus est, les carrières artistiques peuvent être interrompues par des accidents, l’évolution du marché ou le vieillissement. 

Ainsi, nombreux sont les artistes qui peinent à satisfaire les conditions d’accès aux prestations sociales de base. Les seuils minimaux d’heures travaillées ou de revenus déclarés peuvent s’avérer difficiles à atteindre, créant des situations où des créateur.trice.s actif.ve.s se retrouvent sans protection adéquate. L’adaptation des dispositifs à ces spécificités représente donc un enjeu fondamental.

De plus, la diversité des statuts sous lesquels exercent les artistes (travailleurs autonomes, salariés intermittents, entrepreneuriat « individuel ») engendre une grande complexité administrative. Cette multiplicité des régimes complique tant la gestion quotidienne que la planification à long terme de leur carrière.

Finalement, l’émergence du numérique a bouleversé les modes de création et de diffusion artistiques. Les modèles économiques traditionnels sont remis en question, tout comme les systèmes de droits d’auteur. Le Filet social doit évoluer pour intégrer ces nouvelles réalités et protéger adéquatement les artistes dans l’environnement numérique.

Le renforcement du Filet social des artistes ne représente pas seulement un enjeu de justice sociale pour les créateurs, mais aussi un investissement stratégique dans la vitalité culturelle de nos sociétés. En sécurisant les parcours professionnels artistiques au même titre que les autres professions , nous préservons la diversité des expressions créatives et garantissons la pérennité d’un secteur essentiel à notre identité collective. L’équilibre entre responsabilité individuelle et solidarité collective constitue la clé d’un système à la fois protecteur et stimulant pour la création.

La table ronde

Dans la foulée de l’intensification de la conversation concernant le filet social des artistes, notamment à la suite de l’engagement du gouvernement canadien à ouvrir le débat sur la question, il importe de mettre « la balle au jeu » concernant le filet social et d’emmener nos membres et le milieu culturel de nos régions, à amorcer une première réflexion d’ensemble se faire une tête et à identifier des pistes pour la conversation à venir.

Quel est l’état de la situation? Quels sont les éléments dont il faut tenir compte? Les angles morts, les pièges à éviter? Les clichés ou les présomptions à débusquer? Quel est l’avancement de la réflexion qui, bien qu’elle n’ait pas nécessairement eu lieu sur la place publique, a trouvé une certaine place dans les milieux universitaires et gouvernementaux depuis au moins deux décennies? Quels sont les modèles dont on pourrait s’inspirer?  Dans un débat national où les paliers fédéral et provincial et la métropole risquent de monopoliser la discussion, y’a-t-il de la place pour des spécificités régionales? Avons-nous des réalités qui doivent être prises en compte?

Cette table ronde représente donc un premier jalon au positionnement de CCNCA et, plus largement nous l’espérons, de l’ensemble du milieu de nos deux régions.

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