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La pratique culturelle amateur et son rôle dans l’écosystème culturel

La pratique culturelle amateur est reconnue comme une composante majeure de la démocratisation des arts et de la culture. Facteur d’intégration et de cohésion sociale important, la pratique d’une discipline culturelle demeure un des moyens privilégié pour favoriser l’émergence de la créativité, du sens critique, de l’imagination et de l’ouverture d’esprit. Bien que la pratique en elle-même soit amateur, elle demeure liée à la pratique professionnelle : elle permet l’émergence de l’intérêt des publics pour la diffusion professionnelle et offre de nombreuses opportunités d’emplois, notamment comme enseignant.e, pour les professionnel.le.s du milieu des arts et de la culture.

Ce grand dossier sera bonifié au fil du temps et vise à améliorer la visibilité et la découvrabilité de la pratique culturelle amateur dans l’écosystème culturel, incluant les professionnel.le.s de la culture et des arts, ainsi qu’à établir des ponts avec ces dernier.e.s.

Constitution de notre table de pratique culturelle amateur

En 2015, la Ville de Québec se dote d’une Vision du développement culturel, puis d’une Vision du développement de la pratique culturelle amateur 2025, affirmant ainsi son désir de mettre la culture au centre de son développement économique et reconnaissant la pratique amateur comme « une composante majeure de la démocratisation des arts et de la culture [qui] contribue à la qualité de vie de ses citoyens ». Dans cette foulée, elle mandate le Conseil régional de la culture (CCNCA) de créer une table de concertation pour permettre aux acteur.rice.s du milieu de s’unir.

Le 25 octobre 2017, une rencontre de cocréation est organisée par la Ville et le Conseil dans le but de sonder les besoins du milieu et de donner l’occasion aux organismes reconnus de réfléchir à leurs principaux enjeux. Les participant.e.s manifestent alors leur intérêt à faire partie de la table de concertation. Dans les jours qui suivent, une invitation est envoyée aux organismes reconnus ainsi qu’à ceux ayant participé à cette rencontre pour la constituer, puis une première séance de concertation a lieu en mars 2018.

La table de pratique culturelle amateur est donc née d’une demande de la Ville et d’un besoin du milieu, dans le but de créer des occasions de partenariat et de concertation sur tout le territoire de la ville, notamment par des actions de représentation, de sensibilisation, de promotion et de développement de la pratique culturelle amateur selon les priorités et les enjeux retenus par ses membres. Conformément à la volonté du ministère de la Culture et des Communications, la table a ensuite ouvert ses frontières à l’ensemble des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches pour une meilleure représentativité du milieu du loisir culturel. Elle regroupe entre autres des centres communautaires, des écoles de musique, de peinture, des chorales et ensembles, ainsi que des unités de loisir et de sport (URLS) des deux territoires couverts par CCNCA, qui l’accompagne, la conseille et la soutient.

Valeurs et impact

Par sa Vision du développement de la pratique culturelle amateur, la Ville de Québec « reconnaît que la pratique d’une discipline culturelle amateur, tout en étant un facteur d’intégration et de cohésion sociale important, constitue un moyen efficace pour démocratiser la culture, faire éclore des projets pour et avec les citoyens, mais aussi pour favoriser l’émergence de la créativité, du sens critique, de l’imagination et de l’ouverture d’esprit. La pratique culturelle amateur favorise à son tour l’intérêt des publics pour la diffusion professionnelle ».

C’est précisément dans cet esprit que nous agissons à la table de concertation. Nous valorisons la socialisation, la collaboration, la vie communautaire, la passion, l’éveil et la découverte du plaisir, l’expression, puis le dépassement de soi.

Axes d’intervention, enjeux et contexte

Nous nous positionnons dans un écosystème plus grand qui sert le loisir culturel dans son ensemble, au sein duquel se trouvent également le Conseil québécois du loisir, l’Association québécoise du loisir municipal ainsi que des organismes nationaux de loisir culturel. Nous voyons au développement du loisir municipal, en partenariat et en concertation avec les acteur.rice.s du milieu, au bénéfice des professionnel.le.s en loisir, puis dans l’intérêt des citoyen.ne.s, en favorisant l’accès au loisir pour une meilleure qualité de vie. Nous nous donnons les moyens de renforcer et mobiliser les organismes en loisir culturel amateur, de former un réseau, d’améliorer la visibilité et la découvrabilité du secteur dans l’écosystème culturel, incluant les professionnel.le.s de la culture et des arts. Nous cernons les enjeux propres au milieu et au territoire afin de développer des projets communs tels que Complicité, une exposition photographique réalisée en 2021 par la Maison de la photo de Québec en partenariat avec le Musée national de la photographie Desjardins (MNPD) de Drummondville, deux clubs de photographie ainsi que la Ville de Québec. Ce projet a permis à des photographes professionnel.le.s et amateur.rice.s de développer une complicité artistique et d’être exposé.e.s.

Des définitions

LEnquête sur les pratiques culturelles au Québec en 2009 montrait que 81,9 % de la population québécoise déclare s’adonner à des activités artistiques ou culturelles en amateur. Ce chiffre pointe l’importance que prend la pratique culturelle amateur dans le quotidien des québécois.e.s, mais également dans l’écosystème culturel national.

Il apparaît complexe de définir exactement ce qu’est la pratique culturelle amateur. En fait, il se trouve qu’elle est généralement intégrée dans la définition du loisir culturel : « Le loisir culturel est un ensemble de pratiques artistiques et culturelles exercées librement ou encadrées, dans un contexte de loisir. » On pourrait donc en déduire que la pratique artistique amateur est l’une des formes que peut prendre le loisir culturel. Plus précisément, un.e amateur.rice est une « [p]ersonne qui pratique un loisir ou un sport par goût, sans en faire sa profession ni en tirer un profit pécuniaire ». C’est d’ailleurs cette absence de reconnaissance financière qui est la principale distinction d’avec l’artiste professionnel.le.

En somme, la pratique culturelle amateur consiste en l’exercice d’une discipline artistique dans un contexte de loisir et qui est motivé par la quête de plaisir. Même s’il y a parfois des collaborations, cet exercice se fait à l’extérieur du cadre scolaire et du milieu artistique professionnel.

De multiples bienfaits

Selon les membres de la table de concertation en pratique culturelle amateur, l’une des dimensions les plus importantes de cette pratique est qu’elle contribue au bien-être et à la santé. En effet, les amateur.rice.s exercent une discipline par plaisir et par amour pour une forme d’art et les bienfaits qui sont générés par ce type de pratique ont été maintes fois démontrés par des études et des articles (voir par exemple la conférence de la Dr. Mélissa Généreux ou cet article sur les impacts positifs de l’art sur la santé mentale). Si l’activité en elle-même est bénéfique pour la santé, le fait de pratiquer en groupe est également optimal pour toute la dimension sociale qu’elle comporte ; en partageant ainsi un intérêt commun avec d’autres personnes, cela permet de briser l’isolement et de créer des liens.

Il est de plus en plus commun d’associer l’art et la thérapie. C’est parce que l’apprentissage d’un médium artistique est souvent perçu comme un apprentissage de soi. Le développement d’une technique permet d’appréhender le monde autrement, de se pratiquer à exprimer ses émotions et ainsi de partager aux autres les plus subtils des sentiments. La maîtrise d’un médium artistique peut être une longue et complexe aventure, mais constater une progression s’avère très valorisant.

À travers les époques, on a pu noter plusieurs bienfaits de la pratique amateur sur l’évolution des disciplines artistiques. Contrairement aux artistes professionnel.le.s qui doivent tirer un revenu de leur art et donc se plier à des contraintes (de temps, de performance, etc.), les amateur.rice.s peuvent donner libre cours à leur inspiration et se permettre de créer sans ressentir une certaine forme de pression. Ce contexte est donc propice à l’innovation et à l’exploration de nouvelles techniques. Pensons ici aux films de familles du début du 20e siècle qui étaient tournés par des amateur.rice.s disposant de tout une latitude pour expérimenter dans leurs prises de vues. C’est dans ces contextes informels et parfois ludiques qu’ont pu émerger de nouvelles techniques. Toutefois, les artistes amateurs ne sont pas nécessairement dans l’expérimentation ou dans une démarche formelle qui est documentée. Ils ont l’avantage de pouvoir entièrement choisir leur démarche artistique sans que cela ait d’impact sur leur revenus.

Enfin, la pratique amateur est souvent le point de départ de la pratique professionnelle. Les cours de piano ou de dessin pendant l’enfance peuvent se développer en passion, puis en profession. Ainsi, les activités et événements en loisirs culturels sont des moments cruciaux pour semer une graine dans le cœur de la relève artistique.

Pour en apprendre plus sur la pratique culturelle amateur

Suivant leurs échanges, les membres de la table de concertation en pratique culturelle amateur portée par CCNCA ont souhaité témoigner de l’importance qu’a le loisir culturel au quotidien dans nos communautés. Leur capsule vidéo met en lumière les impacts positifs de la pratique amateur, puis rend compte de sa vitalité dans toutes ses disciplines et approches.

Afin d’en apprendre davantage sur la question de la pratique culturelle amateur sur nos territoires et, plus largement, au Québec, nous vous invitons à consulter les différentes sources suivantes  :


*** Ce grand dossier est un projet des membres de la table de pratique culturelle amateur. Mise en place à la demande de la Ville de Québec et ouverte aux organismes établis dans la Capitale-Nationale et la Chaudière-Appalaches, la table vise à placer la concertation comme un élément essentiel de l’écosystème du secteur. Pour les membres, il s’agit d’un espace d’échange, de partage et de documentation afin de déterminer collectivement des moyens pour valoriser les pratiques amateurs et de loisir culturel.

Nos outils et références

Vision de développement de la pratique culturelle amateur 2025 – Ville de Québec

Dans ce plan de développement, la Ville de Québec propose nouvelle vision qui constitue pour la Ville et pour les organismes...

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