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Élections provinciales 2022


Les arts et la culture comme moteur de la relance vers une société durable

Le secteur des arts et de la culture fait la preuve, depuis des années, qu’il est un moteur de développement social et économique important des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. La relance qui s’amorce doit prendre appui sur celui-ci pour une économie florissante et durable.

En terme de financement, la pandémie a montré combien le secteur a besoin d’une hausse récurrente du soutien public autant que privé. Le modèle de fonctionnement actuel va montrer ses limites maintenant, avec la reprise, lorsque les sources de soutien spécial vont tarir. Qu’il s’agisse de conditions de vie et de pratique des artistes (filet social, revenu minimum, etc.), de la compétitivité des conditions de travail des salariés (rémunération, avantages sociaux, horaire et charge de travail et exode vers d’autres secteurs plus stables), de la hausse des coûts générée par l’environnement (inflation, chaînes d’approvisionnement, logistique, sécurité), de la pénurie de main d’œuvre, de la capacité à relancer ou à développer les programmations, la promotion et la mise en marché, tous ces facteurs, directement touchés par l’insuffisance historique de financement du secteur, ont été exacerbés pendant la pandémie.  

Au-delà de son impact global sur la société québécoise, déjà largement reconnu, le milieu des arts et de la culture doit rehausser ses standards afin de trouver une place plus juste, attractive, bienveillante et stimulante par rapport à l’ensemble de la société, notamment au chapitre du marché du travail.  Il faut profiter de la relance pour corriger des problèmes systémiques, notamment afin d’instaurer plus d’équité-diversité-inclusion. Il faut revoir les modèles d’affaires ou les façons de travailler, ne pas résister à l’abandon de quelques pratiques dépassées mais réunir les moyens afin de réaliser une réelle actualisation des stratégies face à un nouvel environnement apportant menaces et opportunités. Nous y arriverons notamment en misant sur la mutualisation des ressources et en utilisant plus, et mieux, les nouvelles technologies.

L’objectif est de devenir plus durable et agile, d’être mieux connecté à la vie sociale, ce qui passe notamment par une valorisation à grande échelle de l’impact des arts et des artistes de toutes les catégories.

Quelques données

En 2018, une étude de l’Institut de la Statistique du Québec réalisée pour le compte de CCNCA a évalué que le secteur a créé une valeur ajoutée de 2 milliards de dollars dans les deux régions. Il a permis de soutenir 30 852 emplois, dont 23 000 directement dans les domaines culturels et 7 000 dans les secteurs touristiques (hébergement, restauration, transport, etc.). Les revenus fiscaux générés cette année-là pour le gouvernement québécois ont atteint 412 millions de dollars. Le secteur offre un contenu vaste et diversifié attirant des visiteur.euse.s de partout et alimentant plusieurs commerces et services.

Après la région de Montréal, c’est en Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches que l’on retrouve le plus d’activités culturelles au Québec. Ce territoire reçoit environ 15 % des interventions publiques (avec une forte variation selon l’organisme financeur et la discipline). Les municipalités de la région de la Capitale-Nationale investissent dans la culture un montant par habitant qui est dans la moyenne québécoise, mais nettement sous la performance de Montréal (-56 %). La Chaudière-Appalaches est parmi les régions les moins généreuses à ce chapitre. Les deux régions, constituant à elles deux le second pôle culturel du Québec, devraient susciter un effort public plus près de celui de la métropole. Cet effort est d’autant plus requis alors que 400 emplois sont vacants dans le secteur culturel à la fin de 2021 et que les salaires proposés sont en forte hausse.

La démonstration de l’importance de ce secteur n’est plus à faire, mais elle n’est pas toujours reflétée dans les subventions accordées, ni dans le discours public, où l’art est régulièrement défendu de manière tiède. Une telle attitude souhaite peut-être ne pas heurter une frange de la population moins intéressée par certains volets de la pratique : arts de pointe ou de niche, art moins axé sur le divertissement que sur la réflexion, le débat, la critique de notre monde. Le peu de couverture médiatique nationale des œuvres et des artistes des deux régions a aussi son impact sur cette sous valorisation du secteur. Les consultations ont montré qu’il faut agir haut et fort contre cette vision.

Si les gouvernements ont tant soutenu la culture, pendant la pandémie, c’est qu’ils y croient. Cette crise sanitaire a montré encore mieux à quel point la culture est importante. La population, les représentant.e.s politiques ont mieux perçu le rôle de la culture. La culture porte un potentiel immense d’identité et de créativité pour les régions. C’est maintenant ou jamais qu’il faut consolider, renforcer sa position dans la société.

Les artistes et les travailleur.euse.s culturel.le.s, tant par elles et eux-mêmes qu’à travers leurs œuvres, sont des acteur.rice.s de premier plan en matière de promotion du développement durable. Ils militent souvent pour le transport collectif, le recyclage et l’entretien de bâtiments patrimoniaux, pour l’équité sociale, pour l’ouverture et l’inclusion. Le secteur est riche localement et contribue au développement d’une économie circulaire. L’art a le pouvoir de changer les récits collectifs. Les arts et la culture font partie de la solution pour résoudre des problèmes environnementaux (changements climatiques et autres).

En ce sens, le gouvernement doit impérativement soutenir à la fois les artistes, les créateur.rice.s, les travailleur.euse.s culturel.le.s, et les organismes culturels de toutes disciplines, incluant les patrimoines (vivant, bâti, muséal, etc.). Ce soutien passe inévitablement par des mesures pérennes qui brisent l’éternelle approche par projet minant un milieu contraint à se réinventer depuis deux ans (selon notre enquête, ce type de soutien a augmenté de près de 90 % entre 2019 et 2021) et qui se relève péniblement de la crise sanitaire.


Conditions de vie et de pratique des individus

Une large part de la main-d’œuvre culturelle, artistes en tête, n’a jamais bénéficié de bonnes conditions de travail (rémunération, avantages sociaux, filet social), en dépit d’un degré élevé de scolarisation et de spécialisation. Après plus de deux ans de pandémie, on observe des impacts très inégaux sur les individus, qui entraînent la nécessité de proposer des leviers diversifiés pour répondre aux multiples défis :

  • Les revenus complémentaires de sources externes à la culture ont été essentiels, menant plusieurs à quitter la pratique, dont les technicien.ne.s de scène qui ont déserté massivement le domaine pour d’autres secteurs ;
  • La pénurie multisectorielle de main-d’œuvre pousse les conditions de travail à la hausse et rend les secteurs culturels moins compétitifs face aux alternatives, contribuant à un exode de talents. Ainsi, à la fin de 2021, 400 postes sont vacants dans nos deux régions pour un salaire moyen offert de 25 $ / heure alors qu’il était de 18 $, un an auparavant ;
  • Plusieurs personnes ressentent encore l’incapacité de planifier plus de 2 ou 3 mois à l’avance ;
  • Il y a un risque de ressac après le financement des projets et programmes liés à la COVID, si bien que les producteurs pourront difficilement faire travailler autant de gens ;
  • Les danseur.euse.s et circassien.ne.s vivent encore les effets de brutales ruptures liées à l’impact du confinement sur les arts vivants (horaires, entraînement, santé) ;
  • La vente d’œuvres directement au public a aussi souffert de l’interruption et doit retrouver des canaux de diffusion efficaces par le numérique (Internet) ou par les activités physiques (galeries) ;
  • De manière générale, on observe que les personnes salariées (artistes, gestionnaires, technicien.ne.s, etc.) s’en sont mieux tirées grâce à la relative stabilité de situation procurée par les programmes de subvention ;
  • La Prestation canadienne d’urgence a contribué au maintien et, dans certains cas, à l’augmentation des revenus annuels des travailleur.euse.s autonomes.

Nos revendications

  • Promouvoir l’aménagement de programmes qui renforcent le filet social pour les artistes et les travailleur.euse.s autonomes, notamment en offrant des conditions tel le revenu minimum garanti.
  • Agir de manière urgente concernant la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur culturel notamment en ce qui concerne les technicien.ne.s de scène par de la formation courte et rémunérée et par du soutien pour des projets de mutualisation.

Conditions de pratique des organismes

Après un choc brutal et l’apparition des mesures de soutien, la difficulté de retrouver un rythme de travail « normal », avec le retrait des mesures publiques temporaires, pourrait faire en sorte que la période la plus difficile débute maintenant :

  • L’activité des organisations culturelles est rarement linéaire. Pour plusieurs, des cycles de programmation, production et diffusion s’enchaînent au fil des saisons et des années. Chez d’autres, ces cycles se chevauchent en fonction des projets à des rythmes irréguliers. Suite aux ruptures sans préavis, il reste encore beaucoup d’incertitudes : plusieurs s’interrogent sur comment repartir la machine ;
  • Les programmes temporaires ont solidifié la situation financière de plusieurs organisations. Mais leur bonne situation financière va-t-elle résister à la fin de ce qui fut en fait un « respirateur artificiel » ? Les financements autonomes et privés reprendront-ils à un niveau suffisant ?
  • Avec la pénurie de main-d’œuvre, les chocs subis par les chaînes logistiques et l’inflation élevée, les budgets de fonctionnement explosent (cachets, salaires, produits et services), les délais augmentent (impression de matériel promotionnel, logistique), alors que rien ne garantit pour le moment que les programmes de financement public de base seront indexés à la hauteur requise ;
  • La pénurie de main-d’œuvre complique la situation (technicien.ne.s, concepteur.rice.s, professeur.e.s à la leçon, personnel d’accueil et de billetterie, gestionnaires, etc.), notamment le suivi des opérations et, dans certains cas, la pérennité même des organisations. Les écoles professionnelles, qui ont leur lot de problèmes, pourront-elles aider à contrer cette pénurie  historique ?

« Bref, c’est tout un milieu qui est en convalescence. »

La pandémie a exacerbé un problème récurrent : le financement public et privé ne couvre pas tous les besoins générés par une offre culturelle très foisonnante. Ce manque de ressources a de lourds impacts :

  • Plusieurs organisations n’ont pas les moyens de réaliser leur mission ou leurs objectifs stratégiques ;
  • Les conditions de travail doivent être améliorées (artistes et travailleur.euse.s) ;
  • La rétention de la main-d’œuvre est difficile, ce qui génère une perte d’expertise et des coûts de formation redondants ;
  • La gestion de plusieurs organisations se fait à court terme (1 an maximum) ;
  • Le marché est saturé de productions ; il manque de diffuseurs dans certains secteurs géographiques… et aussi de public ;
  • Alors que les programmes spéciaux vont cesser l’un après l’autre, la question du financement va se poser avec une grande acuité, surtout si on considère l’inflation qui fluctue autour de 7 % en 2022 et d’autres paramètres économiques.

Nos revendications

  • Hausser et stabiliser les revenus publics avec une portée à long terme pour chaque organisation
    • Assurer une transition entre les aides ponctuelles liées à la COVID et le financement obtenu dans le cadre de programmes réguliers
    • Indexer annuellement les subventions au fonctionnement (impact majeur de l’inflation et de la pénurie de main d’oeuvre)
    • Soutenir au fonctionnement les organismes en patrimoine et les autres organismes soutenus actuellement aux projets 
    • Hausser le financement des musées régionaux et des centres d’interprétation
    • Réviser les exigences des programmes (audit pour les états financiers et pourcentage des revenus autonomes exigé)
    • Reconnaître, avec un financement adéquat, les organismes déjà mutualisés
    • Renouveler le Programme de soutien au milieu municipal en patrimoine immobilier (PSMMPI)
    • Développer une stratégie nationale de préservation et mise en valeur des patrimoines québécois 
    • Mettre en œuvre les recommandations du rapport Bourgie, Vivement pour une culture philanthropique au Québec !, afin d’actualiser le programme Mécénat placements culture
  • Financer des initiatives de mutualisation (appuyer les initiatives des divers regroupements qui chercheront à définir des modèles novateurs en matière de mutualisation)

Soutien à l’utilisation du numérique et des outils numériques pour les productions, les artistes et les organisations

La pandémie a permis d’expérimenter diverses utilisations des outils numériques et d’en mesurer les limites. Le numérique trouve surtout son sens lorsqu’il se met au service de la découvrabilité des œuvres et des artistes.

Notre revendication

  • Élaborer un plan de réduction de la fracture numérique au sein de la communauté artistique, pour les petites organisations ainsi que les praticien.ne.s individuel.le.s, notamment quant aux éléments suivants : applications et sites transactionnels, propulsion de la promotion, découvrabilité en ligne, vente de forfaits.

Notre plan de match jusqu’au 3 octobre

Cette plateforme est la base de nos interventions et de nos actions de représentations jusqu’au 3 octobre prochain, parmi lesquelles figurent :

  • Des rencontres entre le président et la direction générale de CCNCA avec les représentant.e.s des principaux partis politiques pour discuter de leurs plateformes, puis de nos enjeux et préoccupations territoriales. De ces rencontres découlera un bilan, partagé en fin de campagne.
  • Des rencontres avec les médias locaux et régionaux afin de les outiller et les guider dans la couverture médiatique qu’ils feront des enjeux propres aux arts et à la culture. Ces rencontres nous permettrons de présenter notre plateforme, notre plan de relance et d’inviter les médias participants à relayer une lettre ouverte signée par notre président.
  • Une série d’interventions sur nos différentes plateforme afin d’émettre des recommandations et de sensibiliser notre auditoire à l’importance de faire un vote éclairé, et ce, suivant les débats et sorties publiques des différent.e.s chef.fe de partis. 
  • Une collaboration au débat national sur la culture, organisé par le Réseau des conseils régionaux de la culture, et participation, selon les opportunités, à collaborer à différents débats sur nos territoires.
  • La publication d’une lettre ouverte, au lendemain des élections, le 4 octobre prochain, afin de rappeler aux élu.e.s l’importance d’assurer un leadership en matière de culture, renouvelant notre volonté d’être un partenaire privilégié sur nos territoires.

La relance culturelle : un projet d’avenir et à long terme

Cette section sera complété d’ici quelques jours. Demeurez à l’affût !

Nos outils et références

Plateforme élections provinciales 2022 – Culture Montréal

Plateforme électorale publié par Culture Montréal dans le cadre des élections provinciales 2022.

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Plateforme élections provinciales 2022 – Réseau des CRC

Plateforme de recommandations culturelles publié par le Réseau des conseils régionaux de la culture dans le cadre de la campagne électorale...

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Plateforme électorale I Élections fédérales 2019

Contenu de la plateforme électorale utiliser pour notre organisation dans les tribunes qui lui semblent opportunes pour se faire le porte-voix...

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